Les cultures de productivité et de performance touchent plusieurs sphères de nos vies et amènent des impacts sur la santé et le bien-être de la population. Pression de performance dans nos différents rôles sociaux, accumulation de tâches, surproductivité sont devenues monnaie courante, mais la valorisation de ce rythme de vie et cette culture de performance ne se fait pas sans conséquence.
Ralentir, de quoi parle-t-on ?
Une vingtaine de partenaires intersectoriels (milieux de la santé, entrepreneuriat, ressources humaines, culture) se sont rassemblés dans un groupe de travail pour influencer un changement vers un ralentissement. Voici leur explication de ce dont il est question par ralentissement :
« Ralentir, c’est adopter un rythme de vie équilibré en adéquation avec nos besoins et nos valeurs telles que la santé, l’environnement et le bien commun, et ce autant au niveau individuel que collectif ».
Un rythme de vie essoufflant
Vous reconnaissez-vous dans ces chiffres ? Plus d’une personne de 18 à 54 ans sur 2 affirme être souvent stressée par son rythme de vie. Ce sont le quart des personnes qui considèrent avec un rythme de vie surchargé.
Dans ce contexte, plusieurs personnes adoptent des comportements qui vont à l’encontre de leur santé et leur bien-être comme de conduire au-delà de la vitesse permise pour gagner du temps, diminuer ses heures de sommeil, manquer de temps pour les activités physiques, de loisirs et même manquer de temps à passer avec ses proches. Les principaux facteurs évoqués qui nuiraient au ralentissement sont les responsabilités financières, familiales et professionnelles.
La majorité de la population indique que notre société devrait valoriser un rythme de vie plus lent, mais seulement le tiers considère que de ralentir est bien perçut socialement. De nombreux freins nuisent à actualiser ce changement de rythme de vie comme la croyance que le ralentissement leur risquerait de faire perdre des opportunités, que le ralentissement est contraire à la réussite et au progrès et que ce ralentissement aurait des conséquences sur leur parcours.
Les impacts
Au-delà des impacts personnels (augmentation du temps d’écran, réduction de l’activité physique, augmentation des comportements à risque sur la route, diminution du sommeil, etc.), nos rythmes de vie effrénés ont des impacts sociaux en exacerbant les inégalités sociales de santé, valorisant des standards de surconsommation et même en influençant l’aménagement du territoire. Cette impression que vous avez peut-être de courir après votre queue n’est finalement pas seulement une impression, mais un phénomène partagé par plusieurs dans notre société !
Dans ce contexte, le groupe de travail a rédigé un Manifeste pour la création de milieux de vie favorables à un ralentissement collectif afin de favoriser un changement de la tendance pour un mode de vie plus posé, équilibré et sain.
Les fondements et principes directeurs pour le projet ralentir
1) La capacité de ralentir est influencée par plusieurs facteurs individuels, organisationnels et sociaux. La responsabilité est donc partagée entre les différents paliers de notre société. Oui, des changements individuels pour ralentir votre rythme de vie, mais les milieux organisationnels et politiques ont aussi un rôle à jouer pour favoriser le changement de la culture de performance.
2) Un rythme de vie en harmonie avec soi et les autres, c’est-à-dire avec nos besoins, limites, valeurs et aspirations, est à préconiser. L’équilibre à trouver entre les différents rôles, responsabilités, valeurs, besoins est propre à chacun. Nous pouvons favoriser le développement de cet apprentissage de connaître et respecter son rythme et celui des autres.
3) Les milieux de vie doivent faciliter et favoriser l’adoption d’un ralentissement collectif. Les milieux de travail et scolaires et même l’aménagement du territoire peuvent contribuer au ralentissement.
4) Des cultures saines de consommation, de productivité et de performance, qui s’inscrivent dans un ralentissement collectif, bénéficieraient à toute la société. En d’autres mots, entretenir une relation plus saine et durable avec notre consommation, notre relation avec la productivité et la performance aura des impacts positifs pour l’ensemble de la population.
L’idée vous interpelle ?
En suivant l’adage Charité bien ordonnée commence par soi-même, faites la réflexion sur votre rythme de vie. Avez-vous l’impression de toujours être à la course, de ne pas avoir le temps de profiter des moments qui passent, d’être dépassé par les situations, etc. ? Si vous aviez plus de temps, avec qui ou à faire quoi aimeriez-vous prendre plus de temps ?
Relisez nos articles précédents sur l’équilibre de vie (avec l’exercice de la roue du bien-être) et l’importance de prendre soin de soi (avec la méthode des petits pas Kaizen) pour soutenir votre propre processus de ralentissement. Peut-être aussi qu’en réfléchissant sur votre utilisation des écrans, vous retrouvez plusieurs minutes « perdues » dans votre journée. Ce sera peut-être votre point de départ vers un rythme de vie plus satisfaisant.
Bonne réflexion !
Prenez connaissance des résultats du sondage effectué auprès des Québécois en 2023: Infographie projet ralentir
Pour aller plus loin
Ralentir peut se faire sous différentes formes. Pour explorer différentes façons de le mettre en application, voici des suggestions.
Slow-Tech/Ralentir les écrans: Pause ton écran
Fête des voisins au travail: Santé mentale Québec Chaudière-Appalaches
Le jeu libre pour les enfants: Naître et grandir
Porter votre attention au moment présent (pleine conscience): La pleine conscience
Références
Association pour la santé publique du Québec (2024). Ralentir. https://aspq.org/priorite/ralentir/
Image tirée de l’infographie de l’ASPQ (2023)
Rédigé par : Catherine Gagnon-Grégoire, APSM
Date : 23/08/2024